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Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/71

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réflexions sur sa pensée ont été si intimement mêlées au peu qu’il peut y avoir de personnel dans la nôtre que nous ne saurions plus dégager ce qui nous vient précisément de lui. Il nous semble cependant que nous appelons passage de la conscience intellectuelle logique à la conscience intellectuelle morale celui que M. Lachelier appelle passage de l’idée d’être à l’idée de liberté. Seulement M. Lachelier, comme nous l’avons indiqué ailleurs, unit si fortement en lui l’influence reçue des anciens métaphysiciens et de Kant qu’il se sert indifféremment du langage des premiers et du second. Il nous semble à cause de cela que, tout en maintenant l’identité de la conscience intellectuelle avec l’idée d’être et en indiquant comme les degrés de cette conscience les divers degrés de cette idée même, il traduit en langage objectif ce que nous exprimons en langage de conscience. Et c’est pourquoi au lieu de passer, comme nous avons fait, de la conscience logique à la conscience morale, il passe par un intermédiaire : l’existence, la vie ; ce qui n’est autre chose que le passage de l’essence à l’existence des anciens métaphysiciens, intermédiaire nécessaire quand on s’exprime en langage de nature, l’existence, la vie étant l’expression de la liberté dans la nature, dans les choses en général, considérées comme choses. Cet intermédiaire, du reste, est donné aussi, nous l’avons vu, avec l’affirmation de la conscience morale, laquelle, en un sens, est aussi posée comme nature, en même temps que comme liberté morale. Mais nous avons insisté sur ce qu’il y a de symbolique dans la représentation de la conscience intellectuelle sous forme de nature, au lieu que M. Lachelier semble transformer d’emblée le système de la vérité en l’unité d’un être.

Notons encore que, par l’effet de cette même tendance, M. Lachelier ne nous semble pas avoir toujours donné du passage de l’idée d’être à l’existence, et surtout de celle-ci à la liberté des raisons suffisamment probantes ; nous oserions dire que quelques-unes sont d’apparence presque oratoire. Nous avons essayé au contraire de montrer dans la certitude morale l’achèvement naturel de la certitude logique, réalisant seul le type de certitude exigé par la raison, et seulement ébauché par la première. Et cette différence tient encore, selon nous, à ce que M. Lachelier exprimant volontiers ses pensées dans le langage de la métaphysique anté-kantienne, au lieu d’approfondir directement la conscience intellectuelle, a fait voir le passage de l’idée d’être (l’essence) à l’existence et à la liberté ; de sorte qu’il a été amené à justifier en quelque sorte par des raisons objec-