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ÉTUDES CRITIQUES


ESSAI SUR

LES ÉLÉMENTS PRINCIPAUX DE LA REPRÉSENTATION

PAR O. HAMELIN


« Le processus par lequel nous nous sommes élevés de la relation à la finalité n’est pas autre chose que les premières articulations d’une preuve ontologique[1] ». Ainsi parle notre auteur, lorsqu’approchant du terme, il jette un regard sur le chemin déjà parcouru. Cette remarque éclaire, semble-t-il, justement comme il faut, la marche dialectique que nous avons d’abord à présenter en raccourci. On sait que la preuve ontologique a pour objet de nous conduire de l’essence à l’existence ; et il n’est personne qui n’ait senti quelque force dans cet argument tant de fois ruiné. Pourtant, et même sans s’arrêter à des subtilités de dialectique, il est difficile de ne pas faire à ce sujet deux remarques, qui prépareront certainement le lecteur à mieux saisir le sens du livre assez obscur que nous avons à lui présenter. La première est que ce passage du suprême abstrait au suprême concret est trop brusque, et qu’on y voudrait des degrés. Car ce qui est, de quelque façon qu’on le conçoive, enferme certainement toute la variété et toute la richesse possibles, et notre entendement ne supporte pas ce miracle, qui transforme comme d’un coup de baguette la notion la plus pauvre et la plus nue en la plus compliquée des notions, et l’être dont on nie tout en l’être dont il faut affirmer tout. La seconde est que l’être concret, c’est-à-dire réel, auquel on arrive, n’est concret qu’en paroles, et reste à déterminer ; et il semble bien que cette détermination devrait

  1. P. 400.