Page:Revue de métaphysique et de morale - 30, 1-2.djvu/264

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gagne une intelligence lucide de la vie et de ses conditions, elle y apprend à s’imposer des tâches qui dépassent de très haut ses égoïsmes intéressés. Et il en va de toute autre culture comme de la science. Sans cesse, l’homme est tantôt supérieur, tantôt inférieur à telle ou telle culture donnée. Il la domine parce que toute discipline ne justifie sa valeur qu’en contribuant au développement de la vie personnelle, et inversement la culture domine l’homme en imposant des tâches qui subordonnent impérieusement les intérêts individuels au gain, au progrès durables de la collectivité humaine.


Deux grandes figures, deux solitaires sans continuateurs ni disciples. Mais l’analogie de leurs idées maîtresses et de leur attitude respective en face des réalités de leur temps contiennent un enseignement pour toute époque. Ils ont, de leur solitude élevée, discerné de grands et décisifs problèmes dans le champ de l’histoire des religions et de la psychologie religieuse, et ils ont laissé leur vie dans leur énergie à poser ces problèmes d’une inoubliable façon. D’autant plus inoubliable qu’ils y ont versé non seulement de la passion mais tant de richesse d’idées et une si dense poésie qu’elles rangent leurs œuvres parmi les plus précieux trésors humains.


HARALD HÖFFDING