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SUR LES PERCEPTIONS DU TOUCHER

Au sujet des cinq sens, et principalement au sujet du toucher, une philosophie de l’esprit a réellement un terrain à reprendre. En effet, la plupart des bons esprits de notre temps jugent qu’il n’est pas possible de traiter des perceptions du toucher, sans avoir suivi et discuté de très près les expériences qui ont été faites là-dessus. Notamment il y a sans doute peu de philosophes qui ne soient embarrassés et retardés, dans les recherches qu’ils font sur les perceptions du toucher, par l’obscure question du sens musculaire. Il semble en effet que, de la solution que l’on apportera à cette question, tout le reste dépend. Toute perception peut être considérée comme supposant la connaissance de notre propre mouvement, c’est-à-dire comme résultant de la découverte d’une relation entre un certain mouvement de nous et certaines sensations ; percevoir c’est connaître en même temps deux choses, mon mouvement d’après ses effets constants, et d’autres effets non constants que j’attribue à la présence, dans telle position par rapport à moi, de telle ou telle chose. La notion de position serait inintelligible, si je ne connaissais mon mouvement en même temps que ses effets ; car, dire qu’un objet occupe une certaine position, c’est dire que j’ai tel mouvement à effectuer si je veux me donner telles sensations. Connaître que la table est un certain corps que l’on peut toucher, c’est se représenter une série de sensations possibles ; mais une table n’est jamais connue comme réelle sans aucune détermination de position ; et connaître que la table est dans une certaine position, ce n’est pas seulement affirmer qu’une série de sensations venant d’elle est possible pour moi, c’est affirmer que cette série n’est possible pour moi qu’en relation avec une autre série de sensations venant de moi, c’est-à-dire résultant d’un certain mouvement de mon corps. Si la table occupait,