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collection. Après un très court préambule biographique, l’auteur expose le système « au point vue duquel on le saisit comme vrai et comme complet ». Sur ce que M. Chartier appelle chez Spinoza la méthode réflexive, sur les deux attributs, sur l’union de l’âme et du corps, sur la morale des esclaves, sur d’autres points, ce qu’écrit le commentateur est profondément médité, et exposé cependant avec une absolue simplicité. J’ai voulu, nous dit-il, « faire apercevoir au lecteur en quel sens Spinoza a raison ». De fait, le commentaire de M. Chartier communique au lecteur une impression de satisfaction intllectuelle absolue. Cette impression, malgré tout, n’est-elle pas décevante ? Pouvons-nous concevoir la pensée autrement que comme un progrès et une lutte ? Pouvons-nous concevoir un monde où tout soit intelligible, même l’erreur ? « Il est impossible, écrit M. Chartier, commentant Spinoza, de faire comprendre ce que c’est que l’erreur à un homme qui ignore la vérité ; et aussitôt qu’un homme connaît la vérité, il comprend ce que c’est que l’erreur. » Il est impossible, aurait dit Platon, de faire comprendre ce que c’est que l’erreur à un homme qui ignore la vérité ; et aussitôt qu’un homme connaît la vérité, il ne comprend plus ce que c’est que l’erreur.

Pensées de Marc-Aurèle, traduction nouvelle par Gustave Michaut, professeur à l’Université de Fribourg, (Suisse), 1 vol. de in-12, xxi-238 p. Paris, Fontemoing, 1901. — « J’ai voulu voir si c’était vrai, ce qu’ils disent, ces Stoïciens, que leur philosophie est une philosophie d’énergie et de force, que leurs principes défendent du trouble, du chagrin, de l’abattement et assurent la sérénité de l’âme, que leurs consolations consolent. » Ce n’est donc point en philologue, c’est en chercheur de vérité et de repos moral que M. Michaut s’est mis à lire de très près le texte des Pensées de Marc-Aurèle, et le ton hautain des premières lignes de son Avertissement fait assez prévoir que cette lecture l’a déçu. « Je n’ai point trouvé là ce qu’ils m’avaient promis. » C’est affaire à M. Michaut de savoir s’il a bien cherché, mais comme, au surplus, il est bon philologue, il a voulu du moins que son travail fût utile à d’autres, et il publie une excellente traduction des Pensées, exactement moulée sur le texte dont elle suit tous les contours. Cette traduction n’a, de propos délibéré, rien de littéraire, et elle a le mérite, dans sa sobriété d’ailleurs élégante, de rendre aussi bien que possible le caractère de notes intimes que Marc-Aurèle avait donné à ce journal de sa vie morale. Une simple note préliminaire résume avec une suffisante exactitude ce qu’il est indispensable de savoir du stoïcisme et des idées de Marc-Aurèle lui-même pour bien lire les Pensées. Quelques notes au bas des pages donnent quelques références ou explications historiques.

On ne peut laisser passer sans étonnement cette affirmation de M. Michaut que Marc-Aurèle a dû bien plus à lui-même qu’à sa doctrine la grandeur de son caractère. Nul sage n’a plus expressément reconnu l’influence de ses maîtres, de ses modèles stoïciens, Rusticus. Apollonius, Sextus, Maxime, etc. : nous renvoyons sur ce point M. Michaut à sa propre traduction (pp. 3, 4, 0, 7, 8, 14, etc.).

Classificazione delle Scienze, par C. Trivero, 1. vol. de 292 p. Milan, Hœpli, 1899. — Cet exposé abondant d’une classification conciliatrice, vaut par la clarté et le bon sens. Prétendant combiner le point de vue objectif et le point de vue subjectif (les diverses catégories de l’esprit), et accordant aux idées de temps et d’espace un rôle capital, M. Trivero veut qu’on distingue dans la science, au sens le plus large du mot, trois formes primordiales : le première serait celle de l’histoire et de la géographie, qu’il s’étonne de voir oubliées dans la plupart des classifications ; la seconde, celle de la science au sens restreint, la science abstraite et généralisatrice, celle qui recherche des types ou des lois ; la troisième enfin serait la forme philosophique ou métaphysique. — Les sept grands groupes d’objets naturels, les astres, la terre, le règne minéral, le règne végétal, le règne animal, l’homme, et enfin les produits humains, — peuvent tour à tour donner lieu à des études de trois ordres : le « monde sidéral » par exemple peut être considéré dons son histoire (telle l’histoire du système solaire) et dans sa géographie (la « carte » du ciel) ; puis dans sa nature et ses lois (astronomie, physique astronomique), enfin, au point de vue philosophique, il soulève tous les problèmes de la cosmologie rationnelle. — En dehors de la science restent les arts appliqués et les techniques. — On peut noter l’analogie de ces conclusions avec celles où arrivait récemment chez nous M. G. Goblot. — Les subdivisions des diverses sciences sont suivies jusque dans le détail avec ordre et netteté.

Il Liceo Vittorio Emanuele II di Napoli, la Cattedra di filosofia. par G. M. Ferrari. 1 vol. de clxxxix-145 p. Naples, Veraldi edil., 1900. — Cette