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LA RÉDACTION

La philosophie, malgré son absolue autonomie, est en continuité avec les sciences.

L'état de confusion intellectuelle où vivent aujourd'hui savants et philosophes vient, en grande partie, de la manière dont les sciences positives se sont développées et de l'attitude observée à leur égard par la philosophie.

D'une part, les sciences positives, en se constituant, ont engagé les esprits dans une voie de spécialisation, nécessaire, mais dangereuse. Cantonné dans une étude particulière, le savant a perdu de vue l’ensemhle de l’horizon scientifique. Les grandes abstractions lui sont devenues suspectes, et il n’a pas ménagé son dédain à la science de la plus haute généralité, à la philosophie.

D’autre part, la philosophie, au lieu d’aller vers les sciences et de leur demander un point d’appui, s’est repliée sur elle-même pour se concentrer dans la réflexion personnelle et jouer avec les idées.


Lasses de ce divorce, dont elles ont presque également souffert, les sciences et la philosophie s’efforcent, à l’heure actuelle, de renouer une alliance qui a été féconde dans le passé, qui peut l’être surtout dans l’avenir.

Cette alliance est basée sur la nature même des choses.

Le fait, en dépit des apparences, est, au fond, un « mystère » : il faut, ou renoncer à la lumière, ou la chercher dans le transcendant. Celui-ci, à son tour, pour être une explication rationnelle et objective, doit être formé du concret par l’activité de l’intelligence.

Il résulte que le fait et le transcendant ne constituent point des réalités isolées : ce ne sont que des aspects de l’être. Les sciences positives et les sciences métaphysiques, malgré leur légitime distinction, sont donc complémentaires les unes des autres.

Aussi la Revue de Philosophie fait-elle entrer en collaboration savants et philosophies : aux uns, elle demande d’apporter