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LA REVUE DE PHILOSOPHIE

connaissances, doivent peu à peu le rassembler, le coordonner, l'organiser, en former un ensemble, à la fois complet, autant qu’il est possible, et assimilable pour la philosophie. »

Mieux encore que les Congrès auxquels il est fait allusion, les Revues peuvent jouer ici un rôle, à cause de l’échange incessant d’idées qu’elles favorisent. Les savants apportent surtout des faits, et les philosophes en cherchent eux-mêmes les raisons dernières.

De ce travail accompli en commun doivent se dégager peu à peu quelques idées synthétiques directrices. Il ne peut manquer de se former, au sein d’un recueil périodique, une conscience intellectuelle commune. Bien plus, s’il est vrai, comme l’enseigne Aristote, que la vraie source de l’amitié parmi les hommes c’est la « collaboration à une tache commune, surtout à une tache noble et belle », la Revue de Philosophie, qui désire fournir sa modeste part de contribution à la constitution de la philosophie une et universelle, peut devenir — ce qui est une forme supérieure d’unité — « une image et un foyer de l’amitié que nous devons souhailer de voir se propager parmi les hommes ».

La Philosophie de l’activité.

Parmi les idées directrices qui doivent présider à cette rénovation nécessaire de la philosophie, il en est une chère entre toutes à la plupart des grands penseurs et qui, tenue momentanément en échec par l’influence de Descartes, s’affirme chaque jour avec de nouvelles preuves : c’est l’idée d'activité ou de force.

L’interprétation mécanique des rapports des choses perd du terrain, de l’aveu même de ceux qui l’acceptèrent d’abord avec enthousiasme pour sa simplicité et ses résultats. Ce qu’on regardait comme un dogme scientifique : l’explication, par les lois mécaniques du choc et de la pression, de tous les phénomènes de l’univers, du mouvement des corps, des plantes et des animaux, des faits de conscience, des associations d’idées et parfois des opérations les plus hautes de l’esprit, apparaît aujourd’hui, aux yeux des meilleurs juges, une hypothèse absolument insuffisante.