Page:Revue de synthèse historique, tome 1, 1900.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
REVUE DE SYNTHÈSE HISTORIQUE

toire économique, à l’histoire des religions, à celles de la philosophie, des sciences, de la littérature et des arts ; recueillir les résultats de l’expérience, les réflexions d’esprits distingués qui se sont appliqués avec succès à telle ou telle partie de l’histoire ; amener les philosophes à préciser une section importante de la logique des sciences qui, même dans les meilleurs traités, est encore vague et imparfaite : cela n’est peut-être pas sans utilité. Il ne paraît pas qu’une science soit dans de meilleures conditions pour être abandonnée à la routine et à l’empirisme. Et si la théorie, en général, ne fait guère que consacrer la pratique, la préoccupation d’aboutir à la théorie peut faire accomplir à la pratique des progrès.

Plus que la partie théorique du programme, celle de psychologie historique semble destinée à s’enrichir peu à peu. Les articles, sur ce point, en appelleront d’autres. Aboutir en histoire à la psychologie, voilà qui est tout à fait nécessaire, mais qui est infiniment délicat. Cette Revue, en provoquant des travaux de ce genre, n’en veut pas dissimuler les difficultés : elle ne tient pas à encourager des fantaisies qui n’ont rien à voir avec la science. Elle voudrait amener à la synthèse les recherches solides d’érudition, non seulement en les rapprochant, mais en les approfondissant et en les unifiant ; elle souhaite donc d’obtenir des essais de psychologie historique — mais précis, et pour cela méthodiques et restreints. C’est à dessein, par exemple, que le programme, pour la psychologie des peuples, annonce spécialement des études de psychologie provinciale. La Völkerpsychologie allemande est souvent vague : ces études ne peuvent être que vagues quand leur objet est trop vaste. On ne saurait aller en même temps au large et à fond. La Völkerkunde, la Kulturgeschichte, les revues de folk-lore et de traditions populaires, les annales des provinces, accumulent les documents et les renseignements. Il y a maintenant, dans beaucoup de nos Universités, des cours régionaux d’histoire, d’art, de littérature. Que des esprits capables de recueillir le détail et d’embrasser les ensembles s’attachent à des individualités historiques moins énormes, moins écrasantes, mieux définies parfois que les peuples : c’est une œuvre qui vaut d’être recommandée. Dans ce numéro même, une introduction éloquente convie les travailleurs à ces études, qui peuvent être abordées par des côtés différents, soit par la géographie, soit par l’histoire, mais qui tendent toujours, et qui aboutiront en définitive, à la psychologie.