Page:Revue des études slaves, t. 1 et 2, 1921-1922.djvu/334

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et qui existaient, dès la période néolithique, sur les mêmes emplacements. Et ces fouilles ne donnent pas grand chose : on y trouve à peine quelques fondations superposées, des tessons de poterie, quelques ustensiles et quelques objets de toilette en fer, en bronze, rarement en argent et en or. C’est pourquoi les archéologues ont préféré de tout temps fouiller les sépultures, les grands tumuli qui entourent ces villes et qui promettaient une large récolte d’objets en or et en argent. Presque personne ne s’est occupé des ruines des cités, des gorodišča : ou bien ceux qui l’ont fait, comme Chvojka, le comte Bobrinskij, Spicyn, se sont contentés de creuser quelques tranchées qui, souvent, n’étaient pas assez profondes pour arriver jusqu’aux couches néolithiques.

C’est pourquoi nous n’avons pas encore de classification raisonnable des gorodišča, ni d’histoire suivie et bien fondée de quelques-unes de ces ruines. Les classifications proposées ne reposent que sur des données superficielles, et mieux vaut ne pas les mentionner. Il n’y a qu’un fait qui soit sûr. C’est qu’il existe deux types de gorodišča (je parle du type de civilisation, non du type de structure de la ville et de ses fortifications, ce dernier n’ayant pas encore été suffisamment étudié) : celui du bas Dněpr, du Bug et du Don, d’une part, et, d’autre part, celui des régions autour de Kiev jusqu’au Don d’un côté, au Bug et au Dněstr de l’autre. Les cités du bas cours du Dněpr, bien explorées par Goškevič et Ebert, sont de petites cités commerçantes de caractère mixte. La civilisation grecque, surtout celle d’Olbie, y prédomine. Ce sont autant de petites Olbies avec plus d’éléments locaux qu’il n’y en avait à Olbie. Les cités de la région du cours moyen du Dněpr sont de grandes villes indigènes, entourées de forts remparts en terre, qui enfermaient un espace très vaste, et qui paraissent avoir eu une population assez dense. Ce n’était pas un lieu de refuge, mais un lieu d’habitation. La plupart de ces cités n’occupaient pas des places stratégiques : le choix de l’emplacement visait surtout les avantages qu’il offrait du point de vue commercial et agricole. Tous les gorodišča qui ont été explorés de manière plus ou moins scientifique (surtout celui de Nemirov en Podolie fouillé par Spicyn) sont restés sur le même emplacement de l’époque néolithique jusqu’à l’époque romaine, plusieurs jusqu’à l’époque kiévienne. Y a-t-il des gorodišča qui n’aient été bâtis qu’à l’époque kiévienne, nous ne saurions le dire, car aucune des cités supposées d’origine médiévale n’a été jusqu’à ce jour explorée scientifiquement. Nous ne savons même pas quelle est la date des cités encore existantes,