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COMPAGNIE DES INDES.

avec tant de soin toutes les affaires de la Direction, qu’une lettre relative aux questions politiques ne peut être expédiée aux gouverneurs de l’Inde, sans leur approbation préalable.

Pendant que l’administration suprême est ainsi contrôlée en Angleterre, on a senti le danger d’intervenir dans la nomination aux emplois publics locaux, et des jalousies mutuelles de la couronne et de la compagnie sont sorties les limites dans lesquelles le patronage de l’une et de l’autre se trouve restreint. La compagnie, en vertu de sa charte, désigne son gouverneur-général, qui réside à Calcutta, et les deux gouverneurs de Madras et de Bombay ; toutefois le choix de ces officiers est soumis à l’approbation du roi. La compagnie nomme aussi deux membres du conseil chargé d’assister chacun des gouverneurs mais ce ne peut-être que parmi les personnes qui ont résidé au moins douze années dans l’Inde. Le procureur-général de chacune des trois présidences, et les membres du clergé, composé d’un évêque, de trois archidiacres, et de vingt ou trente ecclésiastiques anglicans, sont également à sa nomination. Le roi institue trois juges pour chacune des présidences où se tiennent des cours de justice indépendantes du gouvernement local, et qui appliquent les lois anglaises. Il nomme trois commandans militaires en chef, un pour chaque présidence. Ces commandans sont investi d’une autorité immédiate sur toutes les troupes, soit qu’elles appartiennent à l’armée anglaise, soit qu’elles aient obtenu un brevet du roi pour l’Inde[1]. Le roi choisit encore les généraux pour l’état-major, et désigne pour ses propres troupes un état-major distinct de celui de l’armée indienne, en sorte que les ministres de la couronne possèdent réellement un patronage direct, et exercent un contrôle indirect sur toute l’armée de l’Inde.

Les fréquens changemens des chefs des administrations

  1. On appelle troupes à brevet du roi les soldats sepoys (cipayes) ou naturels.