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EXPÉDITION DE L’ESPAGNE

l’émancipation du Mexique. Une nouvelle expédition, sortie des ports de la Havane, doit débarquer sur ses côtes, et en essayer encore la conquête. Quelles sont les chances de succès ? quelles difficultés aura-t-elle à vaincre ? C’est ce que nous nous proposons d’examiner. Mais il est nécessaire de jeter auparavant un coup d’œil sur les derniers événemens de ce pays qui ont élevé Guerrero à la présidence.

Par la reddition du château de San Juan de Ulloa, arrivée le 19 novembre 1825, le territoire de la république se trouvait entièrement affranchi de la présence des Espagnols, et l’année 1826 s’était écoulée au sein de la paix la plus profonde. Les Mexicains, renonçant à leur inimitié contre les naturels de l’ancienne métropole, s’étaient non-seulement réconciliés avec eux, mais en avaient même conservé un grand nombre au service de la république. Les Espagnols occupaient le tiers des emplois publics ; plusieurs étaient membres du congrès, de l’armée, du ministère, du pouvoir exécutif ; la défense des provinces et des côtes leur était confiée ; en un mot, la plus parfaite intelligence régnait entre les différentes branches de la famille mexicaine. Toutefois le refus de la part de l’Espagne de reconnaître l’indépendance de la république changea bientôt cet état de choses, et l’imprudente conduite de quelques Espagnols réveilla d’anciennes animosités, qui se seraient bientôt éteintes.

Le congrès mexicain s’était réuni le 1er  janvier 1827, sous les plus heureux auspices. Le président Victoria, dans son message, le félicita de la tranquillité dont jouissait alors la nation, et de la prospérité qui résultait du développement progressif de ses institutions. Un ministre spécial, M. Camacho, venait d’être envoyé à Londres, afin de donner au cabinet de Saint-James des explications nécessaires pour la conclusion d’un traité avec la Grande-Bretagne ; le traité avec les États-Unis allait être soumis à l’approbation des chambres, et le gouvernement avait l’espoir d’en négocier un semblable avec la France. Un agent commercial de cette nation venait même d’arriver à Mexico ;