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EXPÉDITION DE L’ESPAGNE

pose des membres du gouvernement, d’un grand nombre d’Indiens et d’indigènes, et de tous les partisans sincères du système fédéral. Ces explications sont essentielles pour comprendre les évènemens survenus depuis 1827.

Le ministre du trésor, don Jose Ignacio Esteva, venait de se démettre de sa charge. Appelé peu après à celle d’intendant maritime et de commissaire-général des douanes du district de Vera-Cruz, il entra en fonctions le 25 mai 1827 ; son caractère, sa capacité et son expérience le rendaient éminemment propre à cet emploi, et il était impossible de ne pas applaudir au choix qu’avait fait de lui le pouvoir fédéral. Malheureusement les Escoceses, qui se trouvaient alors réunis en grand nombre à la Vera-Cruz, dominaient la législature de cet état, et répandaient les invectives les plus violentes contre l’autre parti, par la voie d’un journal appelé le Vera-Cruzano. Aussi à peine Esteva fut-il entré en fonctions, que cette assemblée tint une session spéciale, dans l’unique but de rendre un décret pour son expulsion de la ville. Il n’y était porté aucune accusation contre lui ; la chambre ne s’était livrée à aucun examen de sa conduite, et n’avait pas même observé les convenances les plus ordinaires à son égard. Elle avait fondé son décret sur l’allégation banale qu’Esteva professait des principes Yorkinos.

Cette décision arbitraire de la législature de Vera-Cruz souleva l’indignation de tous les indigènes. Il répugnait à Esteva de compromettre la tranquillité publique par sa résistance aux autorités, et il aima mieux s’absenter pendant quelque temps de Vera-Cruz. Sa rentrée à Mexico fut un véritable triomphe. Le peuple se porta en foule à sa rencontre, et les principaux habitans, les uns en voiture et les autres à cheval, l’escortèrent jusqu’à sa maison, protestant ainsi du respect qu’ils avaient pour sa personne, et de la douleur que leur inspirait l’acte illégal de son bannissement.

L’irritation devint si générale, que la législature de Vera-