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Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/33

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GUERRE D’ORIENT.

sés[1]. Peu s’en fallut que le czar ne fût contraint de chercher refuge dans le Bosphore ; et comme s’il ne devait rester aucun souvenir glorieux de cette malheureuse expédition, la mer engloutit le bâtiment qui portait à Sébastopol les trophées de Varna[2].


N. B. Nous n’avons point parlé des combats partiels livrés dans la Petite-Valachie et autour de Silistrie, ni la campagne d’Asie. Le général Paskewich, qui devait, en s’avançant par l’Anatolie sur Constantinople, appuyer les mouvemens de l’armée d’Europe, s’est arrêté aux portes de l’Arménie turque. On ignorait sans doute que l’Asie mineure, toute hérissée de montagnes, parsemée de grandes villes, et défendue par des races belliqueuses, présente encore plus de difficultés à vaincre que les plaines de la Bulgarie et les rochers du Balkan. On s’empara de Kars, de Bayezid, d’Akhyskha ; les autres lieux consignés dans les bulletins ne méritent pas le nom de place forte. À cet égard, l’opinion publique fut singulièrement abusée. Pendant qu’on annonçait la marche rapide du comte d’Érivan sur Erzeroum, on lui faisait prendre le chemin d’Akhyskha ou Akaltziké, à plus de cinquante lieues au N.-E. ; c’est-à-dire qu’il suffisait de jeter les yeux sur la carte, pour s’apercevoir que les Russes avaient rétrogradé jusqu’aux frontières de la Géorgie.

Au moment où nous terminons cet article, la campagne de 1829 est ouverte depuis six semaines ; elle a commencé également sous de funestes auspices. La peste désole de nouveau les principautés, le manque de fourrages se fait sentir, et le Danube

  1. En effet, le nombre des malades et des blessés était si grand devant Varna, qu’il fallut employer jusqu’aux voiles des vaisseaux pour les abriter sous des tentes.
  2. Il est important d’observer que les drapeaux turcs pris à Varna et en d’autres lieux n’étaient, pour la plupart, que des guidons que les musulmans emploient de dix en dix hommes, et auxquels, par conséquent, ils n’attachent aucune valeur.