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TURQUIE.

rent, emportant les dépouilles des malheureux qu’ils avaient lâchement abandonnés. »

Le visir entre ici dans quelques détails sur divers individus que les Turcs avaient, disait-on, saisis et massacrés, et prouve que les uns sont partis de l’île sans obstacle, que les autres y existent en parfaite santé. Il continue ainsi :

« Aujourd’hui, les conférences sont donc finies ! Tout espoir d’accommodement nous a été ôté par les Grecs, et tant de peines, tant de complaisances de votre part sont restées infructueuses ! Ils m’ont insolemment jeté le gant : je vous promets, monsieur le commandant, d’employer toute la modération que ma situation comporte ; mais je suis forcé de le ramasser. La guerre, dans toutes les révolutions, entraîne avec elle d’inévitables excès. J’ai la confiance en Dieu qu’il lui plaira de veiller sur la Crète ; néanmoins je rends les Grecs, à la face du ciel et des hommes, responsables de tout le mal qui pourra naître malgré mes efforts. Puissent-ils n’avoir pas à pleurer un jour d’avoir fermé leurs oreilles à vos conseils !

» Agréez, etc.

 » Le gouverneur général de l’île de Crète,
Suleïman pacha. »


Les Grecs indigènes ne tardèrent pas à s’apercevoir que leurs intérêts avaient été sacrifiés ; les auxiliaires du dehors commençaient à considérer leur position comme précaire et redoutaient la reprise des hostilités. Le baron de Reyneck se décida alors à écrire à M. Augustin Cousinery, négociant français à la Canée, pour lui témoigner le chagrin que les Grecs éprouvaient de la rupture, et leur désir de voir renouer les conférences, même sans qu’il y prit aucune part. Mais, dans l’intervalle, le brick anglais le Weazle, de retour de sa