Grecs et leurs dispositions à la paix proposée par les coalisés !
» Peut-on se tromper sur ces idées, en voyant le soin que le fabuliste met à amplifier les faits qui existent, à inventer les contes les plus absurdes avec ses caisses, et la prétendue mort des femmes et des enfans, à imaginer des attaques et des massacres dans des lieux où jamais le nez d’un Grec n’a saigné par un coup musulman, et finalement à calomnier avec impudence les morts et les vivans ? La conduite actuelle des Grecs, sous les yeux même de la coalition, n’annonce-t-elle pas le désir du carnage ? Qu’ont-ils dû faire, lorsqu’il n’y avait point à la Sude une station médiatrice ? Ils ont sans cesse aiguillonné les Turcs, déjà trop malheureux, pour susciter toujours des massacres qui servent leur politique. Aujourd’hui, pendant que les conférences avaient lieu pour l’armistice, n’ont-ils pas attaqué Scitia ? Cet armistice même n’a t-il pas été repoussé par eux ? Dans le temps que les conférences avaient lieu et que le loyal commandant du Wellesley, du fond de la baie déserte de la Sude, prêchait la modération aux deux partis, un bateau turc du pays ayant naufragé sur la partie méridionale de l’île, les Grecs, après avoir pillé ce qu’ils ont pu de la barque, n’ont-ils pas inexorablement massacré les dix personnes de son équipage ? L’idée d’un naufrage est propre à attendrir un cœur féroce ; le spectacle du malheureux dont la mer a respecté la vie suffit pour effacer l’inimitié la plus cruelle. Comment donc, au milieu d’un armistice établi déjà de fait, les Grecs, ces hommes de l’Évangile, ont-ils pu être sourds à la voie de l’humanité, et plus furieux que la mer même, se décider à priver de la vie des infortunés qui venaient de perdre leur fortune dans les flots ? Quelles expressions n’auraient-ils pas employées pour se plaindre, ces Grecs, s’il s’était trouvé des Turcs assez profondément scélérats pour commettre un pareil crime ?… Et pourtant, monsieur l’amiral, j’ai réprimé la juste colère des Turcs