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SITUATION FINANCIÈRE.

voir que tous ces emprunts doivent détériorer notre état financier et commercial. La preuve en est dans le change de notre monnaie comparée avec la monnaie étrangère. Vous ne croiriez pas que la livre sterling, qui, au pair, ne vaut que 3,600 reis (monnaie du Brésil), vaut aujourd’hui 9,600 ! Ainsi 260 livres sterling de ce pays n’en représentent que 100 à Londres ! Avec un change pareil, quel sera le sort du Brésil ? On vient de contracter à Londres un emprunt de 400,000 livres sterling, au change de 54 pour %. Le but de cet emprunt a été de payer les dividendes de notre dette en Angleterre. Eh bien ! au bout de dix-huit mois il sera épuisé, et le Brésil se verra chargé non-seulement des dividendes de sa dette ancienne, mais encore de ceux de ce nouvel emprunt. Par conséquent, loin de diminuer, les maux se succéderont avec plus de vitesse. Si déjà les revenus ne peuvent faire face aux dividendes de la première dette, à plus forte raison ne pourront-ils pas suffire pour acquitter ceux de ce nouvel emprunt, surtout si nous calculons le dépérissement progressif qu’éprouvent notre industrie et notre commerce par le manque de capitaux, le défaut de confiance dans l’administration et dans la forme même de notre gouvernement. Que fait le ministère pour arrêter de si grands malheurs ? Il s’endette encore. Sans consulter la réalité, et poussé seulement par le besoin d’argent, il propose un nouvel emprunt pour racheter les notes de notre banque qui se trouvent dépréciées. Le ministre des finances regarde ce rachat comme une mesure vitale, et de laquelle dépend le rétablissement de notre crédit. Mais, encore une fois, le gouvernement aurait dû mieux consulter les faits ; il aurait vu que la principale et presque l’unique cause qui influe sur le crédit d’un peuple est l’état de ses relations commerciales avec les pays étrangers. La surabondance des notes de la banque n’est qu’un effet produit par la stagnation de notre commerce. C’est donc le commerce dont il faut, avant tout s’occuper. Pour cela, il suffirait de l’af-