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SUR L’HISTOIRE DE POLOGNE.

de religion est consacrée par la loi ; des diètes régulières s’organisent ; une législation générale est promulguée ; et si les développemens de l’esprit de liberté ne permettent plus à la nation d’entreprendre des conquêtes, de vastes possessions augmentent son territoire par une soumission spontanée des peuples qui enviaient sa prospérité. Le statut de Wislitza (1347) ne reconnaissait point le servage ; tout habitant était libre ; les bourgeois et les paysans étaient citoyens. Que M. de Salvandy ne s’étonne pas que ce statut n’institue « que la peine d’une amende de plusieurs écus pour les nobles qui assassinaient des serfs. » Le même avantage fut assuré aux non-nobles ; car pour les serfs, il n’en existait pas à cette époque. Si le noble, selon ce statut, ne payait que dix marcs pour l’assassinat d’un cmeton (paysan), celui-ci n’en payait que quinze pour l’assassinat d’un noble, et cette amende montait tout au plus à soixante marcs, quand le rang de l’assassiné était très élevé. On sait que, pendant long-temps en Europe, l’assassinat fut puni par des amendes pécuniaires ; c’était une espèce de dédommagement que la loi accordait aux familles. L’esprit du siècle ne pouvait comporter plus de générosité pour les classes inférieures, que le statut de Wislitza. Mais par trop de respect pour les droits acquis, on y consacra les priviléges que les faibles descendans de Boleslas s’étaient laisser arracher. L’exemption des impôts et de plusieurs autres redevances publiques, la concession de différentes prérogatives, telles que celles d’exercer juridiction, de battre monnaie, etc., créèrent des castes dans la nation[1]. Plus tard, la classe agricole, habituée à ne servir qu’à pied dans les armées, et par conséquent inutile contre les rapides incursions des Tartares,

  1. La Pologne, immobile pendant les invasions des Barbares, est le seul pays qui n’a jamais connu la féodalité. Jusqu’au temps de sa constitution définitive, elle conservera la loi de l’allodialité barbare. Au XIVe siècle, quand la Lithuanie fut réunie à la Pologne, le principe de l’égalité devant la loi fit une telle impression sur la noblesse féodale de Lithuanie, que, malgré la tyrannie de ses grands-