Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
ADMINISTRATION AVANT 1789.

Les gentilshommes, les privilégiés et les taillables, trompés alternativement par de pareils jugemens, n’avaient aucune règle sûre pour défendre et faire valoir leurs droits respectifs ; de là des procès interminables et dispendieux, aussi préjudiciables aux intérêts du gentilhomme qu’à celui des paroisses, parce que toute incertitude en pareille matière est le germe le plus fécond de toute espèce de vexations.

Tel était l’état de la France par rapport aux impositions. Toutes les contributions étaient assises sur des bases défectueuses ou arbitraires qui exposaient les peuples à l’influence des passions et des erreurs. La balance de la justice se mouvait au hasard sans règle et sans principe ; elle pesait inégalement sur les contribuables : cette inégalité appelait les contraintes, et faisait du recouvrement des impôts un acte de désolation. La plupart des habitans de la campagne étaient dans la détresse ; si quelques-uns d’entre eux possédaient un patrimoine honnête, ils redoutaient l’usage de leur fortune, et n’osaient se permettre la jouissance des commodités qu’elle leur présentait, parce que l’expérience leur avait appris qu’une aisance extérieure devenait un prétexte de surcharge et d’augmentation.

De nos jours, une justice éclairée et sévère préside à la répartition de l’impôt ; le peuple jouit des soulagemens que notre forme de gouvernement lui a valus ; et, malgré ses besoins, il se croit heureux, parce qu’il sait que les trois pouvoirs de l’état ont un égal intérêt à la prospérité du pays.

S…