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TERRE DE VAN-DIEMEN.

habillés, mais très-indolens. Ils trafiquent, ils dupent, mentent, prient, jurent, et mènent une vie fort dissipée. En un mot, ils sont tout, excepté ce qu’ils devraient être dans cette terre d’abondance, c’est-à-dire heureux et vertueux. Le besoin est presque inconnu ici ; on n’y voit point de ces visages pâles, soucieux et chagrins, comme on en rencontre dans chaque rue de Londres. La misère n’est jamais que le résultat de l’oisiveté, de la débauche et des fausses spéculations.

» La population noire est peu nombreuse, et se montre complètement insensible aux avantages de la civilisation. Les noirs sont assez stupides pour préférer de marcher nus dans un climat où les vêtemens ne sont pas nécessaires, plutôt que de se charger d’habits de laine qu’on leur donnerait en échange de leur liberté, et ils aiment mieux vivre dans l’aisance et dans l’indépendance, que de travailler et de s’imposer des privations.

» Les blancs, irrités d’une pareille folie, argumentent contre eux le mousquet à la main, et les noirs répondent à cet appel fait à leur intelligence, en perçant les blancs de coups de lance toutes les fois qu’ils en trouvent l’occasion[1].

» Les noirs jouissent d’une grande force musculaire : c’est la race la plus difforme et la plus hideuse qu’on puisse imaginer, du moins d’après l’opinion des blancs. Ils marchent en troupes, mais ils manquent de chefs, et n’ont pas la moindre idée de gouvernement. On a essayé d’en élever quelques-uns pour leur faire connaître les douceurs de la vie sociale ; mais à l’âge de puberté, ils se sont sauvés dans leurs bois.

» Tout ce qui a été débité en Angleterre relativement à

  1. Des nouvelles récentes annoncent que pour mettre un terme aux excursions des naturels sur les établissemens anglais, le gouverneur a été obligé de proclamer contre eux la loi martiale. Il paraît même que des blancs, probablement des déportés fugitifs, se sont mis à leur tête. « De vives appréhensions, dit le Journal de Tasmanie, existent de l’autre côté du Derwent. La marche des sauvages dans les parties habitées du comté a répandu la terreur, et il paraît