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Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/156

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RUSSIE.

elles renversent, sous Mangou-Khan, le trône des califes. La puissance des Mogols se démembre à la mort de ce tartare (1259), et l’antique Sogdiane forme une grande souveraineté, à laquelle un petit-fils de Djenghiz, Tchaghataï, donne son nom. Tamerlan règne un siècle après dans Samarcande. Il part de là pour conquérir l’Asie, depuis le Gange jusqu’au Bosphore ; chargé de dépouilles, il y revient mourir. Chassés par la tribu des Uzbeks (1494), ses descendans passent dans l’Inde. Baber y jette les fondemens de l’empire du Grand-Mogol (1500), dent le dernier souverain, dépouillé de la couronne, il y a quelques années, eut pour successeur… George iii, roi d’Angleterre !

Le Tchaghataï resta soumis aux Uzbeks jusqu’à la moitié du dix-septième siècle (1658). Il se partagea alors en plusieurs états. Chaque tribu se choisit un chef particulier. C’est depuis ce temps surtout qu’on le désigne sous le titre de Tartarie indépendante.

La Tartarie indépendante peut se diviser aujourd’hui de la manière suivante : au N., les Kirghis avec le Turkestan et le Tach-Kend ; à l’O., les Kara-Kalpaks et les Araliens ; au S.-O., le Khârezm (pays de Khiva) avec les Turcomans ; au S.-E., la grande Boukharie, etc. De ces huit tribus, celles des Kirghis, des Khiviens et des Boukhares sont regardées comme les plus puissantes. La population générale est évaluée à cinq millions d’habitans environ ; l’étendue à quatre cents lieues de longueur et trois cents lieues de largeur. Cette contrée est bornée au N. par le fleuve Oural et la steppe d’Ychime, qui la séparent de la Russie ; à l’E., par la chaîne du Bélour qui la protége contre la Chine ; à l’O., par la mer Caspienne ; au S., par la Perse et le Caboul.

On s’imagine assez souvent que la grande Tartarie doit offrir l’aspect d’un vaste désert : c’est encore là une erreur. On y rencontre, il est vrai, des steppes immenses et incultes que les Kirghis et les Turcomans parcourent seuls avec leurs