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RUSSIE.

viens et des Boukhares ; le Caboul recherche même son amitié et le Caboul touche à… l’Inde[1].

P…

  1. On nous communique la note suivante, extraite d’un journal de Berlin. Publiée dans un pays aussi étroitement uni avec la cour de Saint-Pétersbourg, elle confirme toutes nos prévisions :

    « … La bonne intelligence entre la Russie et la Chine est tellement cimentée, que la première s’est emparé, il y a quelques années, dans le centre de l’Asie, d’une étendue de pays aussi considérable que la France et la Hollande réunies. Ce sont les contrées des Kirghi-Kaissakes et autres peuples nomades que des négociations dirigées avec habileté ont soumises au pouvoir de la Russie. Une partie des Kirghis qui se trouvent maintenant sous sa domination étaient auparavant sous la dépendance de la Chine. Il est vrai qu’il est assez probable que la cour de Pékin, tenant peu à conserver des sujets aussi turbulens et incommodes, les a vus sans regret passer sous l’empire de la Russie, qui saura mieux les maintenir dans l’obéissance. Lorsque cette puissance aura établi dans ce pays, qui n’est pas partout couvert de steppes arides, une ligne de places fortes, elle y enverra des colonies militaires, on pourra exploiter les mines de fer dont ce terrain abonde, la cavalerie sera facilement remontée avec les excellens chevaux de cette partie de l’Asie, pour l’achat desquels la Compagnie anglaise des Indes avait même envoyé M. Mourcroft en Boukharie. Bientôt on établira partout des grandes routes, et Kokand, Samarcande, Bokhara, ne tarderont pas à subir le joug russe. La nouvelle frontière de la Russie de ce côté, n’est plus éloignée que de deux cent quatre-vingts lieues des possessions anglaises aux Grandes-Indes ! »

    « Voilà des aveux importans. Nous croyons seulement qu’il s’est glissé une assez grande inexactitude dans le calcul de la distance qui sépare la frontière russe des possessions britanniques. L’empire russe ne dépasse pas encore la mer d’Aral. De cet endroit au point le plus rapproché de l’Inde anglaise, on doit compter au moins cinq cents lieues. Cette observation servira à rectifier l’erreur beaucoup plus forte de quelques journaux anglais et français qui assurent que la frontière russe n’est éloignée que de vingt-huit lieues des limites de l’Inde anglaise.