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Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/202

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IRLANDE.

exprès d’une loge orangiste. Voilà comme on entend le bill d’émancipation, et après cela on nous reprochera de n’être point satisfaits ! À qui le duc de Northumberland vient-il de donner 1,700 livres sterling par an ? au fils de Saurin, de cet ex-attorney-général d’une époque où la justice se rendait en Irlande à peu près comme en Turquie. Mac-Kenny a-t-il été créé baronnet ? A-t-on conféré la charge de magistrat à un Milliken, à un Mahony ? On s’en est bien gardé ; mais on a placé un Gregory au château, et un Darley à la direction de la police de Dublin. Les catholiques ne se réunissent plus, et cependant les orangistes, excités par le maniaque sir Harcourt Lees et le stupide comte Talbot[1], ne cessent de parcourir le pays en appelant les Brunswickois aux armes. Comment veut-on que l’Irlande soit heureuse sous un pareil gouvernement ? Pour contenter le pays, il faudrait d’abord commencer par faire justice de ces gens-là, et ensuite lui rendre son parlement. L’Irlande est devenue trop puissante pour rester dorénavant province, et je ne connais aucun gouvernement sur la terre assez bon pour la régir. Il faut un territoire neutre, sur lequel tous les membres de la famille irlandaise puissent se rencontrer. Voilà tout ce que demandent les catholiques. Nous n’aspirons à la supériorité sur aucune classe ; mais, d’un autre côté, nous ne voulons être inférieurs à personne. Ce territoire neutre, c’est l’Irlande. Elle a jadis été indépendante, et elle le sera encore. Je consens à ce qu’elle relève de la couronne d’Angleterre, mais avec un parlement indigène particulier. Tout dépend des protestans ; qu’ils se prononcent pour l’indépendance, et ils l’obtiendront. Quant à moi, je combattrai sans relâche pour la liberté de ma patrie, mais ce ne sera pas avec le secours des catholiques seuls que je réussirai. Que les protestans, les dissidens, les quakers

  1. Sir Harcourt Lees, jadis affilié à la société philanthropique des Irlandais-Unis, est aujourd’hui un des plus fougueux ennemis des catholiques. Le comte Talbot fut autrefois vice-roi d’Irlande.