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DÎNER POUR L’ASSOCIATION SAINT-JOSEPH.

fassent cause commune avec leurs frères, et je leur promets un plein succès. Le jour de l’indépendance n’est pas éloigné ; j’en suis aussi sûr que de voir paraître demain le soleil sur l’horizon. Il n’est pas dans l’ordre des choses que l’Irlande se contente du rang secondaire de province. Elle a le double de la population et des ressources du Portugal, qui est néanmoins un état indépendant. Elle possède deux fois plus de puissance politique que l’Espagne, qui est aussi indépendante. L’Italie renferme plusieurs états indépendans qu’il y aurait de l’ironie à comparer avec l’Irlande. L’Irlande possède plus de population et d’énergie nationale que la Prusse, qui a naguère joué un rôle si important dans les affaires de l’Europe. Elle a infiniment plus de force et de moyens de maintenir son indépendance que le nouveau royaume des Pays-Bas, dont le monarque parjure a foulé aux pieds la religion de ses bons et trop confians sujets. Elle a plus de ressources que la Suède, le Danemarck, ou vingt républiques de l’Amérique du Sud. La jeune Irlande, une fois affranchie, pourrait fixer ses regards sur le soleil de la liberté, à l’égal de l’aigle glorieux de l’Amérique du Nord. Je n’ai jamais désespéré de ma patrie, même dans le temps où j’avais de la peine à réunir cinq ou six hommes autour de moi. On nous regardait alors comme des parias politiques ; et si les orangistes daignaient quelquefois s’occuper de nous, c’était pour nous témoigner combien ils nous méprisaient. La presse presque tout entière était contre nous, et les écrivains courageux qui prirent notre défense furent plongés dans les cachots. Souvenez-vous du vertueux John Magee, et du vénérable Hugh Fitz Patrick ; honneur à ces derniers martyrs de l’Irlande ! Depuis cette époque, nous eûmes à lutter contre le gouvernement, la cour, la police, la yeomanry, la justice, le clergé et la majorité du peuple anglais ; et, cependant, de faibles que nous étions, nous sommes devenus les géants qui ont terrassé les adversaires de l’émancipation. Tous les Irlandais, quelle que soit leur croyance, sont intéressés à cette