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POLYNÉSIE.

voûment, leur enthousiasme pour la gloire de l’expédition, semblaient s’exalter en raison des dangers qui venaient se représenter si souvent à leurs yeux et sous des formes si variées. Déjà nos efforts avaient été couronnés d’un succès si complet, que nous pouvions offrir à la géographie et à la navigation, la reconnaissance détaillée de plus de mille lieues des côtes les moins connues du globe, la position et les contours de plus de cent cinquante îles ou îlots jusqu’alors très-incorrectement signalés, et dont cinquante à soixante n’avaient encore figuré sur aucune carte.

D’aussi grands résultats étaient bien capables de nous faire oublier les terribles épreuves auxquelles nous n’avions souvent échappé que par enchantement. Certains dès-lors d’avoir honorablement rempli notre mandat, nous eussions pu ramener en France notre équipage fatigué, avec l’espoir de recueillir les suffrages de nos compatriotes ; mais si nos prétentions sous le rapport des conquêtes scientifiques étaient satisfaites, il manquait encore quelque chose à nos plus chères idées.

Quelques mois avant le départ de l’Astrolabe, le bruit avait couru que sur des îles nouvelles situées entre la Nouvelle Calédonie et la Louisiade on avait trouvé des traces irrécusables du naufrage de notre célèbre et infortuné La Pérouse. De tout temps attentif à saisir les moindres lueurs d’espérance sur le sort de cet illustre navigateur, le ministère de la marine m’avait recommandé toutes les recherches propres à conduire à quelque découverte importante, et quiconque porte un cœur français doit deviner que ces recherches étaient devenues pour moi l’un des plus intéressans objets de ma mission.

Ce fut ce sentiment, non moins que le désir des découvertes, qui me porta si souvent à exposer la corvette sur les côtes les plus dangereuses, malgré les circonstances les plus défavorables. En agissant ainsi, je courais le risque d’être taxé de témérité ; mais je sentais qu’il m’était impossible d’espérer