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POLYNÉSIE.

quelque résultat de mes recherches, si je ne me maintenais à la distance nécessaire pour saisir des signaux faits sur le rivage, ou distinguer les pirogues qui s’en détacheraient avec le désir de venir à la rencontre de la corvette. Toutefois je ne me dissimulai point qu’une heureuse circonstance pouvait seule me conduire au but. En effet, l’amiral d’Entrecasteaux, malgré son courage et sa persévérance à suivre une marche semblable à la nôtre, n’avait point recueilli le fruit de ses longs efforts. Il découvrit et fixa en position l’île qui recélait les précieux débris qu’il cherchait, et mourut quelques jours après, sans soupçonner l’importance de sa découverte.

Nous avions, en courant la même chance que cet amiral, le désavantage d’avoir mis trente années de plus entre cette grande infortune et l’époque de notre voyage.

Long-temps nos tentatives furent aussi infructueuses : vainement nos yeux armés de lunettes avaient interrogé avec une attention avide et continuelle des rivages inconnus de l’Européen ; vainement nos regards avaient épié les moindres mouvemens, les plus petits indices qui eussent pu manifester la présence des Français ; nous n’avions rien découvert, rien entrevu qui pût conduire à la moindre présomption tant soit peu fondée. L’intervalle qui sépare la Nouvelle-Calédonie de la Louisiade avait été parcouru de manière à ne laisser échapper aucune terre, et notre horizon avait été constamment terminé par les flots d’une mer orageuse.

Découragé par l’inutilité de nos recherches, l’espoir qui s’était d’abord glissé dans mon cœur s’en était retiré par degrés pour faire place à ce sentiment vague de regret et de mélancolie qui s’empare de l’imagination trompée dans une vive attente.

Qu’on juge de l’émotion que je dus éprouver quand les premiers mots que m’adressa le pilote anglais qui nous conduisait au mouillage de Hobart-Town se rapportaient aux découvertes de M. Dillon sur les îles Mallicolo ! La joie, la sur-