Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
TURQUIE.

ves non équivoques de la feinte modération de la Russie ; les autres ont prétendu au contraire qu’elle n’avait pas su profiter de la victoire et n’avait trouvé dans la paix qu’un dédommagement peu proportionné aux énormes sacrifices de deux campagnes. Arrivé récemment du théâtre de la guerre en Europe et en Asie, je crois devoir vous soumettre à ce sujet quelques réflexions. Peut-être serviront-elles à jeter un jour nouveau sur les résultats réels du traité d’Andrinople.

Nous n’avons pas dans ce moment à rechercher les causes de la guerre entre la Russie et la Turquie ; de quelque côté qu’ait été le droit, la paix est conclue ; nous allons seulement en examiner les différens articles et nous tâcherons d’apprécier la modération qui les a dictés. Rappelons-nous toutefois que dans le manifeste publié pour annoncer les hostilités, l’empereur de Russie avait hautement proclamé qu’il renonçait d’avance à toute augmentation de territoire, mais que la Porte paierait les frais de la guerre.

Art. ii et iii. L’empereur rend à la Porte la Moldavie et la Valachie à l’exception des îles du Danube. Rien de plus sage que cette mesure. Les bâtimens qui naviguaient sur la mer noire, obligés pendant les temps contraires de se réfugier dans le Danube, étaient soumis à plusieurs vexations des autorités turques et devaient faire une quarantaine dont les frais étaient considérables. Les îles étaient d’ailleurs peu habitées et la petite portion de territoire que la Russie acquiert de ce côté présentait peu d’utilité à la Turquie ; cet accroissement était nécessaire au bien général de la navigation, à la sûreté des équipages et des cargaisons. Il ne faudrait pas croire cependant que la Russie ait fait un grand sacrifice en restituant la Valachie et la Moldavie ; ces contrées ont été dévastées par les guerres intestines et étrangères, et par le gouvernement des hospodars cent fois plus oppressif que celui des Turcs. La population y est rare et paresseuse, le sol enfin ne produit que ce que donnent abondamment la