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Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/320

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TURQUIE.

de son héritage, est forcée de se rendre à Pétersbourg, où on la traite avec égards, mais sans lui permettre de rentrer dans sa patrie. Un seul de ses fils, Iskender-Mirza, se réfugie en Perse, et combat pour ressaisir le sceptre, puis se borne à d’inutiles protestations. En vain il dit que l’on a profité de la faiblesse et des dangers de son père ; qu’une couronne ne peut s’aliéner par la volonté seule de celui qui la porte ; qu’il y a des lois divines qui empêchent de dépouiller les orphelins ; on lui répond en envoyant ses partisans en Sibérie, et la proscription devient le prix du dévoûment aux princes légitimes.

Mais si la possession de la Géorgie présente un caractère évident d’usurpation, l’Imirétie a vu ses princes traités encore avec moins de ménagemens. Là, le souverain a été forcé d’abdiquer et ses fils, ses successeurs, ont été réduits à mendier les secours de la Porte ottomane ; ils vivent dispersés dans l’Asie mineure.

Que dirons-nous de la Mingrélie et du Guriel ? Par quel traité, par quel acte même ces provinces appartiennent-elles à la Russie ? L’une et l’autre ont un souverain qui s’est à la vérité placé sous la protection russe, mais qui, pour cela, n’a dû devenir ni sujet ni subordonné. Si ces princes préféraient aujourd’hui la protection de la Porte à celle de la Russie, de quel droit les empêcherait-on de la demander ?

Passons aux autres provinces. On veut sans doute désigner sous ce titre le Schirvan, le Cheky et le Cara-bagh, conquis sur les Persans. Mais si nous rappelons le traité de Gulistan qui a consacré la conquête (1812), n’y est-il pas dit que ces provinces conserveront la forme de leur gouvernement et leurs gouverneurs ? Or, comment ces conditions ont-elles été gardées ? Le khan du Schirvan a été obligé de s’enfuir ; celui de Cheky a dû prendre le même parti. Quant au gouverneur du Cara-bagh, qui était peu disposé à suivre ces exemples, on lui adressa Madatof, Arménien de son pays, qui se chargea de lui inspirer assez de frayeur pour obtenir son départ. La mis-