et complexes qui embrassent l’avenir de l’Europe tout entière. Le moment est donc venu d’étudier, d’après des documens authentiques, la situation de ces espèces de colonies qui touchent à la mer Noire d’un côté, à la mer Caspienne de l’autre, de reconnaître et l’état moral de leurs habitans et leur aspect physique, de préciser enfin le degré d’utilité qu’elles offrent à la Russie, soit comme entrepôt du commerce de l’Orient, soit comme point de départ pour la conquête de l’Inde.
Les provinces ultra-caucasiques forment aujourd’hui un état compact et dont les limites sont nettement déterminées, au nord par la ligne du Caucase, au midi par l’Araxe et les pachaliks de Kars et d’Akhaltzik, à l’est par la mer Caspienne, et à l’ouest par la mer Noire : on peut évaluer leur population à plus de deux millions d’habitans. Les principales provinces sont la Géorgie, la Mingrélie, l’Iméréthie, le Chirwan, le Daghestan, le khanat-d’Érivan, etc. Quelques-unes, soumises à l’autorité nominale de leurs anciens maîtres, sont en apparence tributaires de la Russie, et, de fait, ses esclaves : telles sont surtout la Mingrélie et le Gouriel. La Porte a long-temps conservé dans ce pays quelques postes avancés, sujets d’inquiétudes perpétuelles pour la Russie. Mais depuis le traité d’Andrinople, ces craintes ont dû cesser. L’occupation d’Anapa, sur la côte des Abazes, enlève aux populations mahométanes du Caucase l’espoir d’être soutenues dans leurs révoltes par leurs frères en religion, et de plus, il paraîtrait que cette conquête des Russes interrompt des relations entretenues par les routes intérieures du pays avec les Tartares sunnites de la Boukharie, qui, tous les trois ans, offraient au sultan, comme à leur chef religieux, un tribut de 3 millions[1].
- ↑ Voir le Voyage dans la Russie méridionale, par M. Gamba, consul de France à Tiflis, et surtout les excellens travaux de M. Klaproth, sur les provinces du Caucase.