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VALACHIE.

Après une nuit que les Bohémiens passèrent, sans doute plus tranquilles que moi, à manger les poules des chrétiens et à se moquer d’eux, l’aurore du lendemain vit disparaître la bande de mauvais augure, à la grande satisfaction des habitans et surtout à la mienne.


N. B. Il manque encore quelques traits à ce bizarre tableau : voici ce que j’ai pu recueillir pour le compléter sur les mœurs et la religion de ces sauvages peuplades dont l’origine se perd dans la nuit des temps, et que l’on rencontre dans toutes les contrées de l’Europe, depuis l’Espagne jusqu’à la Pologne. Sortis de l’Égypte, qui paraît être leur patrie primitive, elles en ont sans doute emporté quelques notions vagues d’une religion mère de tant d’autres, et dont les prêtres se réservaient l’exclusif monopole ; mais ces notions obscures se sont bientôt altérées. Il serait difficile d’en suivre la trace au milieu de leurs courses vagabondes. Un mot recueilli de leur bouche, une de ces traditions populaires, d’autant plus précieuses que celui qui les répète ne les comprend pas, pourra peut-être jeter quelques clartés sur cette question : « Nous avons une maison de pierre, disent-ils souvent, les chrétiens nous l’ont prise, et nous ont donné leur maison de bois ; le feu y a pris, et nous ne l’avons plus. » Tout vagues qu’ils sont, ces mots révèlent une antique origine, et d’antiques croyances. C’est toute l’histoire de cette malheureuse nation.

Quant aux mœurs des Bohémiens, cette esquisse les a peintes sous le jour le plus saillant : j’ajouterai seulement que, pendant l’hiver, la tente est remplacée par des tanières qu’ils se creusent dans les montagnes. Entassés comme les marmottes, et passant presque comme elles leur hiver dans un long sommeil que la faim seule interrompt, ils ne quittent guère leurs retraites. Elles présentent, s’il est possible, un spectacle plus hideux en-