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RUSSIE.

séjour dans la Crimée, qu’il habita en qualité de consul français. M. Antoine Duvalz, de Paris, forma en 1770 le projet d’établir une compagnie chargée d’exploiter le commerce de la mer Noire ; mais son plan échoua faute de connaissances locales, ce qui arriva encore lorsqu’en 1785, il fit une seconde tentative pour le mettre à exécution. « Les relations commerciales des différens peuples qui couvrent les rivages de cette mer, dit Peyssonel, sont encore trop peu connues pour que la Porte en permette l’entrée aux flottes étrangères. Aussi ce commerce est-il enveloppé de ténèbres, qu’un seul homme ne saurait pénétrer. La confusion des idées que chacun possède sur ce sujet, doit être attribuée aux récits des voyageurs, et aux connaissances extrêmement bornées du petit nombre de marchands qui ont eu le courage d’entreprendre le commerce de la mer Noire, en formant des relations avec les naturels du pays, dans lesquels il leur a fallu nécessairement placer leur confiance. »

Entièrement dévoué à son entreprise, et enthousiaste dans la poursuite de ses vues, Peyssonel conçut le projet d’engager la France à faire le commerce de la mer Noire. Il proposa, en conséquence, d’établir à Kaffa un comptoir français, d’où l’on pourrait lier avec la Crimée une intime communication. Il posa toutefois certaines conditions qui devaient être observées dans l’exécution de cette entreprise. Il déclara que l’on placerait à la tête de la maison commerciale un homme plein d’habileté et de prudence ; que ce chef parlerait la langue du pays, porterait des vêtemens et adopterait toutes les coutumes de l’Orient, pour que les indigènes n’eussent à souffrir aucune offense ; qu’il choisirait des naturels pour facteurs, et les placerait sous la protection spéciale du consul français demeurant avec le kan ; qu’il éviterait d’amasser des marchandises étrangères dans Baghchè-Sèraï, lieu de résidence du kan, de crainte que la rapacité de ses agens ne les poussât à s’emparer sans paiement des objets qui leur plairaient, etc…