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GRANDE-BRETAGNE.

dix jours, et qu’au moyen d’un canal pratiqué dans la largeur de l’île, les marchandises embarquées à Liverpool seraient rendues aux États-Unis, terme moyen, dans l’espace de 15 jours. On éviterait ainsi le canal Saint-Georges, où règnent sans cesse des vents contraires, et la transmission des marchandises deviendrait aussi sûre et aussi régulière que celle d’une lettre par la poste. Cependant, l’Irlande est encore aujourd’hui la contrée la plus pauvre et la moins bien cultivée de la portion civilisée du globe. Elle abonde en richesses métalliques de toute espèce, et on n’y rencontre que des mendians ; elle abonde en houille, et le peuple y souffre du froid ; elle abonde en pierre à chaux, mais cet engrais si précieux pour l’agriculture reste enfoui dans les entrailles de la terre, et le paysan y meurt de faim, au milieu de ses champs improductifs, réduit à envier le sort plus heureux des bestiaux qui s’y nourrissent.

À quoi donc faut-il attribuer ce déplorable abus des bienfaits de la Providence ?… Disons-le : la superstition qui dégrade et envenime l’esprit du paysan ; le mépris qu’il témoigne pour les lois d’un empire protestant ; une religion qui lui représente son maître comme un usurpateur et un hérétique ; le fanatisme, si soigneusement entretenu par les prêtres papistes, hommes grossiers et ignorans[1], voilà les causes qui ont rendu l’Irlande, depuis des siècles, un fardeau pour la législature anglaise, et un triste exemple de l’influence des doctrines de Rome.

Nous sommes convaincus que c’est là la véritable lèpre de l’Irlande ; aussi accueillons-nous avec joie l’annonce d’un projet conçu par des hommes véritablement attachés à leur

  1. Il nous semble que la ferveur religieuse emporte beaucoup trop loin l’auteur de cet article ; aussi avons-nous cru devoir supprimer quelques expressions violentes et injurieuses qui ne sauraient atteindre la plupart des membres du clergé catholique d’Irlande. Nous comptons pouvoir bientôt représenter sous son véritable point de vue un pays si peu connu jusqu’à ce jour en Europe, et en Angleterre même.