Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
ASSOCIATION PROTESTANTE.

ses fermiers, ou de tenir compte à l’administration de ses dépenses, lorsqu’elle les emploierait dans les travaux publics. Son intérêt lui montrerait la nécessité de restreindre la taxe du travail, en multipliant les moyens d’occuper le peuple, et celui-ci finirait par respecter des lois sous l’égide desquelles il trouverait protection. Le criminel n’inspirerait plus d’intérêt, du moment que le besoin et le manque d’ouvrage ne serviraient plus d’excuse au crime. Une telle mesure ôterait aux ouvriers tout prétexte pour se coaliser, elle présenterait une garantie pour la sûreté des personnes et des propriétés, et encouragerait les Anglais à verser leurs capitaux dans de grandes entreprises utiles au pays. On ne verrait plus cette effrayante anomalie, la famine et son cortége de fièvres, régner au sein de l’abondance. Les terres incultes, les mines, les pêcheries, ne resteraient point improductives…

On a essayé d’introduire la fabrication du coton en Irlande avec des succès variés. Dans les provinces de l’ouest, du sud et dans celle de Leinster, elle a complètement échoué. Si elle a réussi jusqu’à un certain point à Belfast, ce n’a été qu’au détriment des fabriques de toiles. Cette ville est devenue le centre de ce commerce, depuis que Dublin a cessé d’en être l’entrepôt principal. Toutefois, le succès de cette branche d’industrie y est dû en grande partie à la misère du peuple, qui, se nourrissant d’alimens de la plus mauvaise espèce, peut donner son travail pour le bas prix de 2 à 4 shillings par semaine, au grand avantage des manufacturiers anglais ou écossais, qui, à l’apparence du moindre nuage sur l’horizon commercial, congédient les ouvriers, et finissent, une fois enrichis à leurs dépens, par venir manger leur fortune en Angleterre. M. Kennedy a démontré jusqu’à l’évidence, dans un mémoire sur la fabrication du coton, publié dans le 3e volume des Transactions de Manchester, qu’une industrie exposée à de si nombreuses vicissitudes, ne saurait se soutenir sans une taxe des pauvres destinée à venir au secours