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LES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

promenèrent dans les rues avec des assiettes remplies de viandes empoisonnées qu’ils donnèrent aux chiens. Au jour, la plupart des chiens étaient morts dans les rues ; on les fit jeter hors de la ville. Lorsque les Français marchaient la nuit en silence, les chiens ne cessaient d’aboyer après eux ; ils s’en débarrassèrent ainsi. »

Nous regrettons de ne pouvoir nous étendre sur quelques autres passages curieux, mais cela nous mènerait trop loin. Nous finirons par le récit du départ de Bonaparte pour la France, et par l’avénement de Kléber au commandement en chef.

« Le 13 de Rebi’ul-Evvel, on dit que le général en chef s’était dirigé vers la mer ; personne ne savait de quel côté il était allé. On le demanda à quelques Français qui répondirent qu’il avait été invité à une fête, dans le moment où il se rendait à Aboukir ; le peuple fut trompé par ces paroles et les crut certaines.

» Le dimanche 16, le général en chef sortit avant le jour, sans qu’on sût ce qu’il était devenu. Quelques jours après, il arriva d’Alexandrie des lettres de Bonaparte, adressées à tous les habitans du Caire. Dugua, gouverneur, fit assembler les Grands et leur lut la lettre. Le contenu est que Bonaparte est parti pour la France, vendredi 21. Il désire la tranquillité de l’Égypte, et s’en va pour ouvrir la mer. Dans trois mois il reviendra avec des troupes, et le général de Damiette est devenu le général en chef de l’Égypte. Le monde fut surpris et s’étonna de ce qu’il avait osé se risquer en mer,