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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

efforts qu’ont eus à faire ses fondateurs. En ce qui regarde Temboctou, je conjecture qu’antérieurement le fleuve passait près de la ville ; il en est maintenant éloigné de huit milles au N., et à cinq milles de Cabra, dans la même direction.

J’allai loger chez Sidi-Abdallahi ; je puis dire qu’il me reçut d’une manière toute paternelle ; il était déjà prévenu indirectement des prétendus événemens qui avaient occasionné mon voyage au travers du Soudan : il me fit appeler pour souper avec lui. On nous servit un très-bon couscous de mil à la viande de mouton. Nous étions six autour du plat : on mangeait avec les mains, mais aussi proprement qu’il était possible. Sidi-Abdallahi ne me questionna pas, suivant la mauvaise habitude de ses compatriotes. Il me parut doux, tranquille, et très-réservé : c’était un homme de quarante à quarante-cinq ans, haut de cinq pieds environ, gros et marqué de petite vérole ; sa physionomie était respectable, son maintien grave et ayant quelque chose d’imposant. Il parlait peu et avec calme. On ne pouvait lui reprocher que son fanatisme religieux.

Après m’être séparé de mon hôte, j’allai me reposer sur une natte que l’on avait tendue par terre dans mon nouveau logement. À Temboctou, les nuits sont aussi chaudes que les jours ; je ne pus rester dans la chambre que l’on m’avait préparée : je m’établis dans la cour, où il me fut de même impossible de reposer. La chaleur était accablante ; pas un souffle d’air ne venait rafraîchir l’atmo-