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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

trangers ; cependant les Maures de la tribu de Zaouât, qui avoisinent Temboctou, y viennent souvent ; mais ce marché est presque désert, en comparaison de celui de Jenné.

On ne trouve guère à Temboctou que les marchandises apportées par les embarcations, et quelques-unes venant d’Europe, telles que verroteries, ambre, corail, soufre, papier et divers autres objets. Je vis trois boutiques tenues dans de petites chambres, assez bien fournies en étoffes des manufactures européennes ; les marchands ont à leur porte des briques de sel en évidence ; ils ne les étalent pas au marché. Tous ceux qui se tiennent sur la place ont de petites cabanes faites avec quelques piquets recouverts de nattes, pour se préserver de l’ardeur du soleil. Mon hôte, Sidi-Abdallahi, eut la complaisance de me faire voir un de ses magasins où il mettait ses marchandises d’Europe ; j’y remarquai beaucoup de fusils doubles français, à la marque de Saint-Étienne et d’autres fabriques ; en général, nos fusils sont très-estimés, et se vendent toujours plus cher que ceux des autres nations. Je vis encore quelques belles dents d’éléphans ; mon hôte me dit qu’il en tirait de Jenné, mais qu’il en achetait davantage à Temboctou ; elles y sont apportées par quelques Touariks ou Sourgous, les Kissours et les Dirimans, qui habitent les bords du fleuve. Il ne font pas la chasse aux éléphans avec des armes à feu : ils leur tendent des piéges ; j’ai le regret de n’en avoir jamais vu prendre.