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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

ou cabris ; ce fourrage est serré sur le toit des maisons.

Temboctou et ses environs offrent l’aspect le plus monotone, le plus aride que j’aie jamais vu. Cependant j’aperçus, à peu de distance hors de la ville, un troupeau de chameaux dispersé dans la campagne, paissant çà et là quelques chardons desséchés par le vent brûlant de l’Est, et de jeune branches de mimosa ferruginea, dont les longues épines, ressemblant à celles de l’aubépine, n’empêchaient pas ces animaux de les dévorer. On me dit qu’ils appartenaient aux Maures qui font les voyages à travers le grand désert.

Tous les habitans natifs de Temboctou sont zélés mahométans. Leur costume est le même que celui des Maures, et ils ont quatre femmes comme les Arabes ; mais ils n’ont pas, comme les Mandingues, la cruauté de les battre : elles sont cependant chargées de même des soins du ménage. Il est vrai que les habitans de Temboctou, qui ont continuellement des relations avec les peuples demi-civilisés de la Méditerranée, ont quelques idées de la dignité de l’homme. J’ai toujours vu, dans mes voyages, que c’était chez les peuples les moins civilisés que la femme était le plus asservie. Ainsi le beau sexe d’Afrique devrait donc faire des vœux pour les progrès de la civilisation. À Temboctou, les femmes ne sont pas voilées comme dans l’empire de Maroc : elles sortent quand elles le veulent, et sont libres de voir tout le monde. Les habitans sont doux et affables envers