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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

fidèles, que le moment est venu de les payer de leur peine. Je me suis trouvé à l’une de ces époques à Temboctou ; chacun s’empressa de leur faire son offrande qui consistait en pain, mil, riz, poisson sec, pistaches et cauris ; tout fut déposé sur une natte étendue par terre, devant la porte de la mosquée.

Je voyais souvent des Maures que ma situation intéressait ; ils me questionnaient sur les usages européens, et sur le traitement que les chrétiens m’avaient fait éprouver. Je tâchais à mon tour d’obtenir de leur part des détails sur les peuples des environs et sur la distance de leur pays à Temboctou ; mais, loin de me répondre, ils faisaient semblant de ne pas m’entendre, et tournaient la tête en adressant la parole à un autre. Malheureusement je ne possédais pas assez de moyens pour faire des présens ; aussi ne m’appelait-on que le meskine (pauvre). Le peu de renseignemens que j’aie obtenus à Temboctou m’ont été fournis par Sidi-Abdallahi-Chebir, mon hôte, et par quelques nègres kissours, qui eurent seuls la complaisance de répondre à mes questions. Ils n’ont aucune notion exacte sur le cours du fleuve à l’E. de cette ville ; mon hôte m’a assuré qu’il passe à Haoussa, et se rejoint au Nil : c’est l’opinion générale des Arabes qui habitent le pays. Ce fleuve porte à Temboctou le nom de Bahar-el-Nil (rivière du Nil)[1].

  1. On a déjà fait observer que ce mot est générique.