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VOYAGE AUTOUR DU MONDE.

être fondues dans les fourneaux qu’on y a établis. Les fibres musculaires qui restent comme résidus, sont employées à alimenter le feu. Les marins ont pour leur solde un partage dans le bénéfice, et chacun d’eux se trouve ainsi intéressé au succès de l’entreprise. La campagne dure quelquefois trois années, au milieu des dangers de toute sorte et de privations inouies. Les vaisseaux ont pour habitude de jeter quelques hommes sur une île pour qu’ils y séjournent toute une saison, et vont souvent à 2000 lieues plus loin pour en semer, dans le même but, quelques autres. C’est ce qui rend compte de ce nombre assez considérable d’Européens qui ont vécu pendant plusieurs années sur des terres désertes, par suite du naufrage du bâtiment qui devait les reprendre à une époque déterminée, et que d’autres navigateurs retirent de leur cruel abandon, en les ramenant dans leur patrie.

Les chasseurs qui fréquentent la mer du Sud reconnaissent trois espèces de phoques, qui sont plus particulièrement l’objet de leurs armemens. On ne retire de la première qu’une huile destinée à l’éclairage ou à des préparations grossières ; on l’importe en Europe. C’est le lion marin d’Anson, l’éléphant de mer des Anglais, ou le phoque à trompe des naturalistes. La deuxième, recherchée pour sa peau, avec laquelle on confectionne d’excellens cuirs, est le phoque à crin, ou l’otarie molosse dont j’ai publié une figure dans la zoologie du voyage de la Coquille. L’espèce qui donne ce précieux pelage, dont l’éclat, la douceur soyeuse