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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

percer la foule des sauvages pour gagner nos embarcations, je criai à mes compagnons, dont quelques-uns se trouvaient sur ma droite : Au rocher ! au rocher ! Je parvins à en atteindre le sommet où je ralliai cinq des nôtres : Charles Savage, Luis (Chinois), Martin Bushart, Thomas Dafny et William Wilson. Les trois premiers résidaient à Bow, et les deux derniers appartenaient à notre équipage. Les deux autres Européens de la troupe de M. Norman, Mick Maccab et Joseph Atkinson, avaient été tués ainsi que les deux chefs de Bow. Dafny, après avoir tiré son fusil, en avait brisé la crosse en se défendant contre les massues des sauvages. Il était blessé en plusieurs endroits et avait quatre flèches fichées dans le dos. La pointe d’une lance lui avait percé l’omoplate et était sortie par-devant, sous la clavicule.

Il se trouva, heureusement pour nous, que la hauteur que nous occupions était si escarpée, qu’elle ne pouvait être gravie à la fois que par un petit nombre d’hommes ; elle était en même temps trop élevée pour que les sauvages pussent nous incommoder beaucoup avec leurs javelots et leurs frondes. Par un hasard non moins heureux, un vent très-fort détournait la grêle de flèches qu’ils nous lançaient. Notre chef ayant succombé, le commandement m’appartenait ; j’en profitai pour disposer mes compagnons de manière à défendre notre poste le plus avantageusement possible. Je ne permis pas qu’on tirât plus d’un coup de fusil à la fois, et j’employai notre blessé à charger nos armes. Plusieurs sauvages