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CORRESPONDANCE

cevoir le projet de visiter moi-même une contrée qui devait recevoir mes compatriotes. Après avoir parcouru la province de la Puebla et l’état de la Véra-Cruz, j’arrivai par terre à Minotitlan, village bâti sur le fleuve en l’honneur du fameux Mina ; le lieu est bien choisi, puisqu’il sert de communication avec Acayucan, chef-lieu de département, et avec tout le pays jusqu’à la Véra-Cruz. Ce village peut être regardé comme l’entrepôt du Guazacoalco : déjà plusieurs négocians américains y sont établis. M. Waldevin y possède une scierie, où il emploie une dixaine d’ouvriers de sa nation, et envoie ses planches d’acajou et autres bois précieux à la Nouvelle-Orléans, où elles se vendent très-bien, et qu’un brick vient prendre au chantier. Il s’occupe en outre de la culture des terres qu’il a achetées à un de ses voisins. La population de Minotitlan est d’environ 300 personnes ; le gouvernement mexicain y a fait bâtir une chapelle et trois maisons pour servir de logement aux colons nouvellement arrivés. Quatre autres villages sont échelonnés sur le fleuve, à une journée de distance les uns des autres, afin d’offrir au voyageur les moyens de transport nécessaires pour descendre ou remonter le fleuve. On trouve dans ces villages de la volaille, des œufs, du pain de maïs, des bananes et du gibier en abondance.

« Minotitlan est à six lieues de la mer, en ligne directe, et à dix lieues en descendant le fleuve. Non loin de là se trouvent les ruines de la ville de Spiritu-Santo fondée à l’embouchure de l’Uspanapa, par Fernand Cortès, et détruite plus tard par les Anglais. Elle était destinée jadis à devenir l’entrepôt du commerce des deux mondes. Le Guazacoalco est en général bien encaissé ; à son embouchure il paraît encore plus resserré : aussi la barre est très-bonne et le canal ne change jamais de place. On n’a pas besoin de pilote pour entrer ni sortir ; les brisans des deux côtés indiquent la route à suivre. Le commodore Porter, commandant l’escadre mexicaine, a reconnu une partie de la côte,