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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

du Dhioliba, dont un grand nombre s’étaient rendus à Temboctou sur la nouvelle de l’arrivée d’un chrétien, qu’ils déclarèrent qu’un nasarah ne passerait jamais sur leur territoire, et que, s’il le tentait, il aurait lieu de s’en reprentir. S’apercevant de l’impossibilité de rien gagner sur l’esprit de ces fanatiques, le major choisit la route d’El-Araouan, espérant se réunir à une caravane de marchands maures, portant du sel à Sansanding. Mais hélas ! Après cinq jours de marche au nord de Temboctou, la caravane qu’il avait trouvée fut arrêtée par le cheïkh Hamet-Oul-Habib, vieillard fanatique, chef de la tribu de Zaouat, qui erre dans le désert du même nom. Hamet s’empara du major, sous prétexte qu’il était entré sur son territoire sans sa permission. Il voulut ensuite le contraindre à reconnaître Mahomet comme prophète, et à faire le salam. Laing se confiant à la protection du bacha de Tripoli, qui l’avait recommandé à tous les cheïkhs du désert, refusa d’obéir à Hamet, qui renouvela ses ordres avec plus de fermeté. Le major, inébranlable dans ses refus, préféra la mort à ce qui lui paraissait une lâcheté, et cette noble résolution enleva aux sciences et à sa patrie celui qui s’était dévoué à leur service. Un maure, que le chef des Zaouats avait chargé d’aller tuer le major, s’y refusa, en disant à son maître : « Tu exiges que j’égorge le premier chrétien qui est venu parmi nous et qui ne nous a fait aucun mal ; donne cette commission à un autre ou tue-le toi-même ; quant à moi je ne puis m’en charger. » Cette réponse