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GÉOGRAPHIE.

Breton chicane notre académicien jusque sur le titre d’esquisse naïve, que celui-ci a donné au croquis informe de Ten-Boktoue, formant, avec une carte inintelligible, tout l’atlas de l’ouvrage. Je ne sais si, à défaut absolu de toute autre perspective de la ville fameuse, nous ne devons pas accueillir avec intérêt celle que Caillié, qui n’est point, tant s’en faut, un adepte des arts graphiques, est parvenu à exécuter le plus exactement qu’il ait pu, en figurant chaque maison tout entière, comme font tous ceux qui, sans aucune étude, essaient pour la première fois de dessiner des maisons. Quoi qu’il en soit, c’était bien le cas, ce me semble, d’appeler naïve une esquisse où l’art est entré pour si peu, pour beaucoup moins encore que ne l’exprime la planche gravée[1].

Puisque me voilà sur le chapitre de cette esquisse, croquis, vue, perspective, ou tout ce qu’on voudra, de la célèbre cité, je dirai un mot des reproches plus sérieux dont elle est l’objet. Elle devrait, dit-on, représenter un triangle, et elle montre un parallélogramme ; dessinée, d’ailleurs, du haut d’une butte de décombres et d’ordures, elle est probablement aussi peu sincère que le serait une vue du boulevard des Italiens prise du Pont-Neuf ! Quant au premier grief, il serait fondé jusqu’à un certain

  1. On en pourra juger par le fac-simile ci-joint, exécuté sur une échelle un peu réduite (25/33es), au moyen d’un calque fidèle, que le voyageur, à son arrivée d’Afrique, m’autorisa à prendre sur son dessin, et qu’il m’a récemment mis à portée de collationner sur l’original.