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GÉOGRAPHIE.

sage et les récits de Caillié : que Kâbra soit à cinq milles de Ten-Boktoue, c’est précisément ce que portent et sa relation et son itinéraire. Que ce bourg se trouve sur le bord de la rivière, c’est ce que le voyageur français affirme aussi, puisqu’il y arrive en bateau et débarque sur le port : si d’un canal naturel, ou bras secondaire du grand fleuve, le gentleman fait à plaisir une tranchée artificielle, libre à lui ; mais qu’il n’impute qu’à sa propre méprise tout ce que cette idée lui paraît avoir d’absolument neuf et d’absurde. Que les rues de Kâbra soient étroites et propres, c’est ce que Caillié est loin de nier : « J’allai (dit-il au bas de la page 295 du second volume) me promener dans l’intérieur de la ville pour la visiter : les rues en sont étroites, mais assez bien tenues. » Je suis tenté de croire que dans la préoccupation chagrine dont il se trouve possédé, le critique breton ne regarde guère de plus près aux récits qu’aux calculs et aux cartes.

Autre objection : Caillié était, à Ten-Boktoue, logé chez A’bd-Allahi, dans une maison voisine de celle où Laing, dit-il, avait lui-même demeuré ; le voyageur français eut occasion de connaître l’hôte du major, et de recevoir même de lui des marques de bienveillance ; il doit donc savoir comment on appelait celui-ci, que cependant il n’a garde de nommer : comme notre critique est à cet égard très-bien informé, il porte un défi au narrateur de décliner ce nom, en preuve de sincérité. J’ignore si M. Caillié a retenu en effet le nom du négociant tripolitain qu’il donne pour hôte au major Laing ;