trine un large couteau… On l’interroge, et il répond qu’il voulait tuer Napoléon.
L’Empereur le fait venir devant lui : « Que voulais-tu de moi, jeune homme ? »
— Vous tuer ? — Que t’ai-je fait ? — Rien, mais vous asservissez l’Allemagne, et en bon Allemand, je dois délivrer ma patrie. Je suis du Tugend-Bund[1], c’est dire votre ennemi.
— Mais que ne te plaçais-tu dans les rangs de ceux que j’ai vaincus ? Tu m’aurais combattu en homme d’honneur et en véritable ami de la vertu.
— J’ai long-temps médité, et j’ai fini par armer mon cœur de résolution et ma main d’un glaive… Je saurai attendre la mort sans crainte et la recevoir avec courage. Des siècles muets ne me succéderont pas, et mon nom traversera la nuit des temps ; je mourrai pour la liberté !
— Pauvre jeune homme, dit Napoléon, son exaltation est arrivée jusqu’à la folie ; et il s’éloigna !…
Tel fut le choc de l’aveugle audace contre le géant des batailles, et pourtant un faible coup de cette main novice eût ébranlé le monde.
Tandis que cette grande scène se passait, j’étais là, moi, jeune de cœur et d’années, mais faible comme le roseau du Prater[2] ; car mon sang avait