Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
VOYAGE AU JAPON.

Je m’embarquai à Usaca, dans un bâtiment appelé funca[1], grand à peu près comme ceux qu’on voit à Séville, et je me dirigeai vers la province de Bungo. C’est la route de Nangazaqui, où il y a un établissement portugais avec un évêque. Ce dernier a depuis souffert le martyre. Le trajet se fait ordinairement en douze ou quinze jours, mais on couche à terre presque toutes les nuits, et les accidens sont très-rares sur ces côtes. Je vis plusieurs jolies villes, mais moins peuplées que celles par où j’étais déjà passé.

Peu de jours après mon arrivée à Bungo eut lieu le funeste événement de l’incendie du malheureux galion de Macao par ordre de l’empereur, parce que le capitaine, accusé d’avoir fait pendre sur son bord quelques Japonais sous un léger prétexte (ce qui n’était que trop vrai), refusa d’aller se justifier devant les tribunaux du pays. Ce qui rendit la cause du capitaine plus mauvaise fut que parmi les Japonais mis à mort se trouvaient deux envoyés de l’empereur du Japon au roi de Siam. Les ordres de l’empereur furent exécutés avec la plus grande valeur par les soldats et artilleurs japonais, qui, malgré la résistance vigoureuse du capitaine et de son équipage, se rendirent maîtres du navire à l’abordage, le prirent et le brûlèrent. Je m’étais intéressé pour ce malheureux capitaine auprès de l’empereur, qui eut la bonté de me faire donner par son

  1. Probablement Junca. L’auteur veut sans doute parler des navires japonais, connus sous le nom de jonques.