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LA GRÈCE EN 1829.

suffisans pour cultiver tout le pays, ils suffiraient du moins pour cultiver ce qui est nécessaire à sa subsistance. Mais l’extrême misère est l’obstacle le plus pénible à surmonter. Toute culture demande des capitaux, quelque petits qu’ils soient ; elle ne peut se passer d’instruments, de bestiaux et de ces premières avances qui font vivre le cultivateur dans l’intervalle qui s’écoule avant qu’il puisse retirer de la terre ce qu’il lui a confié. Elle a également besoin de confiance et de sécurité, car quel est celui qui travaillera, s’il doit craindre que le fruit de ses peines lui soit ravi au moment où il pourrait espérer de le recueillir ? Telles sont les causes qui s’opposent à ce que la Grèce puisse guérir ses plaies profondes. Le temps seul triomphe de la misère : il dépend de la fermeté du gouvernement de rétablir l’ordre, de ranimer le goût du travail, de faire que le plus profitable de tous les métiers ne soit pas celui du brigandage, car tant qu’il en sera ainsi on doit désespérer de mettre le travail en honneur. L’œuvre est à la vérité difficile, j’ai déjà signalé un des plus grands obstacles, l’obligation où est le gouvernement de se servir de la classe corrompue des primats. J’en indiquerai d’autres à mesure que je considérerai les divers aspects sous lesquels se présente la Grèce. C’est ainsi qu’on peut

    400,000 habitans ; il est fort difficile aujourd’hui d’en faire même une évaluation approximative. On en a tenté plusieurs qui diffèrent beaucoup entre elles. Les Grecs veulent y retrouver l’ancienne population ; d’autres ne la portent qu’à 80,000 ames. Je crois qu’elle s’élève tout au plus à deux cent mille.