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HISTOIRE.

compter dans ce nombre le manque d’accord, la défiance et même la haine mutuelle qui séparent les habitans en une multitude de partis et de rivalités ennemies.

Rouméliotes et Moraïtes

J’ai déjà indiqué la principale division de la population grecque en deux nuances opposées l’une à l’autre, les habitans des montagnes et les habitans des plaines, ceux qui vivent de pillage et ceux qui vivent de travail ; ils se détestent et se méprisent réciproquement. Quand j’ai vu les Rouméliotes, ils m’ont ouvertement témoigné leur mépris pour les Moraïtes qu’ils appellent des lâches, des Grecs dégénérés, tandis qu’eux seuls possèdent le courage et constituent la seule force de la patrie ; eux seuls tenaient tête aux Turcs, s’immortalisaient par l’héroïque défense de Missolonghi, pendant que la Morée courbait humblement la tête sous le joug égyptien. Aussi la cause de la liberté n’est point dans la Morée ; ce qu’on a fait pour elle n’est rien pour la Grèce ; peu leur importe que la Morée redevienne ou non une province Turque : elle est digne de l’être ; la Roumélie seule est la terre de l’indépendance. Dans ces discours où se mêle toute l’exagération qui leur est propre, ils ne cachent pas qu’ils ne tiennent aucun compte de ce que l’Europe a fait jusqu’à présent pour la Grèce, et que tous les services rendus à une race différente de la leur sont autant d’injures dont on semble