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LA GRÈCE EN 1829.

pines et se sont montrés en hostilité constante avec les cultivateurs qu’ils appellent des esclaves. Un trait assez caractéristique de cette antipathie est ce propos d’un Maïnote qui, en me parlant des Moraïtes, les qualifiait en masse de lâches et de peuple sans honneur. Suivant lui, le Magne était seul la patrie des hommes de cœur, la Morée ne comptait que des esclaves et une race abâtardie. Dans ses invectives il désignait la Morée, comme si le Magne en était entièrement distinct et ne voulait même pas qu’il en fit géographiquement partie.

Maïnotes

On s’est beaucoup occupé des mœurs des Maïnotes ; on a voulu voir en eux des descendans directs des Spartiates, et l’espèce de résistance qu’ils ont faite aux Turcs a presque ennobli leurs brigandages. Il ne sera peut-être pas inutile de donner ici une courte description du Magne, tel qu’il m’a paru être lorsque je l’ai visité à la fin de 1828.

Le Magne comprend toute la chaîne du Taygète qui est renfermée entre les deux golfes de Kolokythia et de Coron, et dont l’extrémité forme le cap Matapan (le cap Ténare des anciens). Cette chaîne est complétement nue ; la température y est tour à tour glaciale et brûlante, et les rochers décharnés dont elle est hérissée de toutes parts ne présentent aucune trace de verdure. Cependant on y