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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/332

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HISTOIRE.

découvre de nombreux villages. Tantôt ils sont perchés sur un pic élevé, tantôt ils se projettent au milieu de la mer, sur des rochers qui forment des anses nombreuses le long de ce grand développement de côtes. On conçoit avec peine qu’une population agglomérée sur ces rochers stériles puisse y trouver de quoi vivre ; mais l’industrie des Maïnotes a su y pourvoir. Ils ont un trait frappant de ressemblance avec leurs illustres ancêtres, c’est le penchant au vol, nulle part on ne trouve une société de voleurs aussi bien organisée. Le Maïnote méprise le travail, ne vit que de rapines et de crimes ; la trahison est son arme favorite, et on voit rarement chez lui ce noble élan du courage qui fait braver le danger à visage découvert. Voleur infatigable, il attendra le voyageur au bord du précipice, et il ira dépouiller le navire sans défense, que le calme retiendra près de ses côtes. D’autres fois, il descendra de ses montagnes pour enlever des troupeaux dans les riches environs de Mistra et de Calamata, et piller ses voisins qu’il regarde comme une race sujette. Au moment même où nous bloquions Coron, occupé alors par les Turcs, des barques venaient secrètement du Magne pour y apporter des vivres, et il fallut des exemples sévères pour les en écarter. Entre eux-mêmes le caractère turbulent et voleur des Maïnotes ne veut reconnaître le frein d’aucune loi. Avant la révolution grecque, ils obéissaient nominalement à des beys, dont la dignité appartenait à la famille des Mavro-Michali. Mais ces beys n’avaient d’autre autorité que celle que