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HISTOIRE.

cependant était maître du choix ; et comme il était ordinairement déterminé par son épouse, la reine-mère avait une influence encore plus grande chez les Perses que chez les Turcs. L’éducation de l’héritier présomptif lui était en grande partie confiée : il lui était donc facile de le mettre de bonne heure dans une dépendance dont il avait de la peine à se tirer dans la suite.

La vie privée des rois de Perse offrait l’image de leurs anciennes habitudes, et ressemblait à celle d’un peuple nomade livré au luxe le plus immodéré. Même après qu’ils eurent adopté des demeures fixes, les traces de cette vie nomade ne s’effacèrent jamais entièrement : elles se montrent surtout dans les changemens de résidence à différentes époques de l’année. À l’exemple des anciens chefs de hordes errantes, les rois de Perse allaient avec leur cour, suivant la saison, d’une capitale de l’empire à l’autre. Suse, Babylone et Ecbatane jouissaient chacune de la faveur de les posséder quelques mois de l’année. Ils passaient le printemps à Ecbatane, les trois mois d’été à Suse, l’automne et l’hiver à Babylone. Les différences du climat, si grandes dans un empire si étendu, et plus sensibles dans ces régions d’Asie que dans celles d’Europe, y offrent des jouissances dont l’ha-

    vait les yeux (Herod. vii. 18). Cette dernière coutume existe encore en Perse (Chardin, ii, p. 89, 90 ; iii, 297). La succession à l’empire n’est pas fixée non plus chez les Mongols (Hist. généalogique des Tartares, p. 342, 381 ; et Lacroix, Hist. de Gengis Kan, p. 350).